BOSSES DE PROVENCE

SYNTHSE DES 94 KMS

A VENDRE : Vélo de route.  S'adresser à Monsieur MALOKU.


Comme il semble que certains veulent en savoir plus sur le motif de la petite annonce ci-dessus, voici quelques détails de ce qui fut d’abord une course d’attente, puis un réel plaisir avant de se terminer par un abominable chemin de croix !

 

Tout commence par une bonne heure d’attente du groupe de 2500 cyclistes à la fois impatients et inquiets à la perspective de s’attaquer aux multiples déformations bossues du sol provençal provoquées par de foutues poussées tectoniques. Et visiblement les organisateurs ne voulaient surtout pas qu’une seule bosse manque à l’appel.

 

Au programme donc 94 kms via le Col de la Gineste, le Pas de Belle Fille, le Grand Caunet, le Plan du Castellet, le Col de l’Ange (par Cuges puis par Gémenos), la grimpette de Roquefort la Bédoule, le mur de Roquefort, la descente vers Cassis et le plat de résistance : la Gineste à rebrousse-poil avec déjà 80 kms dans les pattes et 3h30 assis sur une selle dont on se demande pourquoi les équipementiers s’escriment à les mettre en forme de lame de rasoir alors que l’on serait prêt à vendre père et mère pour un bon fauteuil en mousse !

 

Fort de mon expérience de l’an passé et animé par la pensée de Confucius selon laquelle « Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve », je savais que l’ultime Gineste constituait l’obstacle majeur, le lieu de souffrance et de repentance, la côte de trop aux pourcentages assassins et au faux plat du diable où Eole vous attend de pied ferme pour vous dresser un barrage de molécules aussi compacte qu'infranchissable.

 

Aussi décidais-je de gérer ! Comme tout ogre qui se respecte j’avalais les deux tiers du parcours avec gloutonnerie, m’attablant à chaque ravitaillement pour faire le plein d’énergie en vue de ce dessert dont je me serais bien passé. De fait, la mi-parcours fut quasiment euphorique : ceux qui me dépassaient dans les côtes (et ils furent quelques-uns) ne faisaient pas un pli dans les descentes et se faisaient dévorer dans les faux plats descendants (ma surface de prédilection, pourquoi y en a t’il si peu ?).

 

Mais vint le moment si redouté ! Le rond-point de Carnoux à Cassis où l’on met tout à gauche (petit plateau, grand pignon). Là, soudain, en un instant le moral s’effondre. Le cycliste que je pensais être n’est plus qu’un cyclothymique bipolaire. A l’instar du Docteur Jekyll,  de vaillant Mister Ogre je me transforme en ténébreux Monsieur Maloku, incapable de rester assis sur ma selle plus d’une minute et strictement incapable de me lever pour pédaler en danseuse, histoire de  tenter de faire passer la douleur du Nerf honteux qui tourne au cauchemar.

 

Du coup je me fais déposer par des groupettos dont je me demande de quel bois ils sont faits et de quelle assistance électrique disposent leurs vélos. Finalement je ne devrais mon salut (terminer en vie) qu’à une certaine Nicole, encore plus en perdition que moi, que je prenais sous mon aile chevaleresque histoire de me donner un but pour avancer … avancer … avancer.

 

 

Bon, ceci dit, si mon vélo ne trouve pas preneur, j’y retourne l’an prochain ... avec d'autres atars. Of course.