CONFINEMENT - Saison 1 Episode 1/2

Je ne sais plus si c’est Atchoum ou le Général de Gaulle qui disait : “Face aux grands périls, le salut n'est que dans la grandeur”.  Pour le savoir il faudrait être de taille puisque le premier a été placé en quarantaine et que le second est mort. Mais peu importe l’auteur puisqu’il s’agit d’en prendre, justement.

 

En effet, mes biens chers frères, le temps est venu de s’élever. Non pas en prenant de l’altitude en grimpant, comme à l’accoutumée, le mont Puget, puisque c’est interdit, mais en méditant sur les grands principes qui gouvernent l’humanité.

 

Voilà donc l’élévation que je vous propose. Et ça tombe bien, si j’ose ce paradoxe, car l’arrêt soudain de toute activité humaine est venu, cela ne vous a pas échappé, modifier la courbure de l’espace-temps par une contraction de l’espace et un étirement du temps.

 

Si mes fiches sont à jour, cela n’était pas arrivé depuis, voyons, voyons, le dernier Big Bang. Mais la différence avec cette époque antique est que, de nos jours, l’homme est vivant et capable de penser. « Sum ergo cogito » comme disait Desproges à moins que ça ne soit Descartes..

 

Mais penser à quoi ? Là est la question.

 

On a carrément l’embarras du choix. Piochons un thème au hasard : courir. Ou plutôt : pourquoi courir ? Vous noterez que ce « pourquoi » ajoute tout de suite une grandeur philosophique au sujet et que ce n’est pas par hasard s’il s’agit du premier mot prononcé par l’homme juste après « areuh» (encore que, selon les études linguistiques les plus hardies sur le babillement post-natal, le « areuh » serait les prémices du  « pourquoi »).

 

Quoi qu’il en soit « pourquoi » est, sans conteste, l’adverbe qui a fait le plus progresser l’humanité, bien plus que « quand », « où » et « comment » qui nous ramènent à des choses bien terre-à-terre, voire triviales, clairement à l’opposé de ce qui nous anime aujourd’hui.

 

Donc, disais-je - et je vous remercie de cesser de m’égarer par vos incessantes digressions - « pourquoi courir ? ».

 

Déjà commençons par poser qu’il ne s’agit pas d’envisager l’action de courir comme un remède ou une solution à un mal qui nous guetterait, comme prendre de l’embonpoint ou, pire encore, grossir. Laissons cela aux grands professeurs du Haut Comité de Santé Publique et gageons que chacun d’eux aura d’ailleurs un avis divergent sur cette question. Comme sur tant d’autres.

 

 

 

Non ! Notre expérience de pensée du jour poursuit un but bien plus essentiel : la Vérité. Notre pourquoi touche au vital.  Comment pourrions-nous courir – si cela est encore possible un jour - sans en connaître le pourquoi ? Serions-nous, à l’image d’un vulgaire légume qui pousse sans même s’en rendre compte, incapable de nous interroger sur ce qui occupe l’essentiel de notre vie : courir ? Sans risque de se tromper, on peut affirmer que jamais un concombre n’a été préoccupé par cette question. D’où probablement son nom. C’est bien ce qui nous différencie de lui et il est temps de le prouver.

 

Parvenu à ce stade de la réflexion, j’avoue envier quelque peu les plus grands philosophes que la Terre a jamais porté en son sein, comme BHL par exemple dont on sait (il nous l’a suffisamment répété) qu’il se trouve assailli en permanence d’inopinées et fulgurantes trouvailles capables de résoudre, comme le ferait un élève de maternelle confronté à un cube à entrer dans un trou carré,  l’alpha et l’omega de la question, a priori délicate pour le commun des mortels, de la modélisation quantique de la théorie de la relativité générale.

 

Ne disposant pas de ce génie sans faille et sans bouillir j’en suis réduit à m’inspirer de théories scientifiques éprouvées et, en premier lieu, celle de la sélection naturelle en tant que facteur explicatif de l’évolution. A cet égard un parallèle s’impose entre nous-mêmes et le lémurien malgache.

 

Mais j’en vois qui s’endorment comme devant « La vie des bêtes » sur TV 5, aussi me faut-il rapidement en venir au fait.

 

A dire vrai le lémurien malgache ne présente aucun intérêt intrinsèque puisqu’il s’agit d’un petit singe doté de deux yeux trop gros et d’une queue trop longue pour lui, ce qui ne prouve qu’une chose : le ridicule ne tue plus ! En revanche il se trouve à la source de toute la théorie de l’évolution dont vous, moi, nous, constituons, à l’instant « t », l’aboutissement … juste avant, j’en ai peur, qu’il n’existe plus dans ce monde que des personnes de moins de 65 ans !

 

Mais là où ça devient très intéressant (important de placer de tels superlatifs dans des propos lénifiants) est que, et c’est là toute ma théorie :

 

Nous avons conservé dans notre subconscient profond
les traces psychiques de notre lente évolution.

 

Et je vous remercierais de bien vouloir relire cette phrase par égard pour le temps que j’y ai consacré.

 

De là à comprendre pourquoi nous courons il n’y a qu’un pas.

 

 

(nous le franchirons dans CONFINEMENT - Episode 2 bientôt en ligne)



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